Retour à la maison

Le jeune homme posa son vélo contre une rambarde et descendit quelques marches pour passer sous la voie ferrée. Il faisait nuit, et la gare fermée, toutes les mesures de précaution pour se protéger du vol de son vélo était ici inutile.
« Qu’est ce que tu fais là ? Comment tu m’as trouvé ? » gronda une voix depuis le passage enterré.
« Y’a pas 36 ponts au village. Les autres sont soit trop éclairés, soit trop humide. » répondis le porteur du vélo.
« Bien vu, dis le premier. Mais si t’es venu pour que je rentre tu te met le doigt dans l’œil. »
« Pourquoi ? Pourquoi tu ne veux pas rentrer ? Les parents sont morts d’inquiétude … »
« Eux ? Laisse moi rire ! ! Maman peut être mais père sûrement pas ! Il se moque de ce que je pense, de ce que je fais ! Il n’a aucune confiance en moi ! »
« Ca tu l’as déjà dit au repas : « Revois donc Le monde de nemo père ! . J’ai bien aimé, d’ailleurs cette citation. »
« T’es donc d’accord avec moi, non ? Tu trouve ça normal qu’il cherche à m’imposer à vivre chez les grands-parents alors que j’ai déjà démontré que je pouvais parfaitement vivre tout seul ? »
« Non en effet ce n’est pas normal, mais que veux-tu ? »
« Ce que je veux ? Etre seul, tranquille, loin de lui ! ! Il a pourri mon existence jusqu'à maintenant. Les 2 années passées en chine, m’ont permis de prendre conscience de moi et de ces choses là. Mais ici j’étouffe ! ! On me dit sans cesse ce que je dois faire et ne pas faire. Ca m’agace ! ! »
« Je sais tout ça ! ! Je le supporte aussi figure toi ! Tu n’as pas subi les remarques et reproches qu’il m’ont fait lorsque j’avais une petite amie ! ! »
« Exact, parce que je savais qu’ils auraient ce genre de réaction ! ! ! »
« Quoi ? ? Tu … tu…. Savais ça ? »
« Qu’est ce que tu crois ? Je ne suis pas idiot ! J’observe et j’étudie tout le monde. Ce n’est pas parce que j’ai l’air mou et tout le temps fatigué que mon cerveau fonctionne pas ! Je connais la famille par cœur, je sais parfaitement ce qui se passe et je trouve ça injuste aussi que père veuille bien payer l’internat pour son dernier fils et pas son premier ! Il n’as pas poser une seule question à notre dernier frère à ce sujet ! Il n’a même pas chercher à savoir s’il était possible qu’il prenne le train, comme moi je l’ai fait ! »
« Ne compte pas les points ! ! ! hurla son frère. »
Un flot de pensée envie alors l’esprit du fugueur. Qui avait déjà dit ça ? Un souvenir. Un vague souvenir de quelqu’un. Un ami. Un ami qui lui avait déjà fait cette remarque et dans les même termes. Qui ? Benoît !
Benoît était son plus grand ami d’enfance, issu d’une famille nombreuse composée en majorité de filles. Ils avaient partagé de nombreuses années scolaires ensemble mais, ils ont du se quitter pour poursuivre leurs études respectives et dissemblables. Ils ont toujours garder le contact malgré la distance et le temps. Il lui avait déjà dit qu’il comptait trop sur les autres, qu’il était trop rancunier et que tout cela ne le mènera qu’a une seule chose : ressembler à son père. Ce qu’il redoutait le plus.
Une larme coula sur sa joue puis s’écrasa au sol.
« Tu as raison frère ! Rentrons ! »

Fin